Les critères de classification de la méditation de Shapiro
Plusieurs auteurs classiques et contemporains ont déterminé des critères pour procéder à une classification des différents types de méditation. Ceci dans le but de percevoir avec plus de clarté le phénomène méditatif. C’est ainsi que Shapiro (2006) propose trois critères classificatoires :
- Le type d’attention : la méditation de concentration se focalise sur un objet comme le souffle ou un son. La méditation dite de pleine conscience a pour objectif une attention fluide et vigilante sur plusieurs objets successifs ;
- La relation au processus cognitif : certaines pratiques observent la cognition uniquement comme une pensée ou une image. D’autres pratiques la modifient délibérément ;
- Le but sur lequel les pratiques méditatives se focalisent. Cela peut être le bien-être et le développement mental ou l’éveil d’aptitudes spécifiques, telle une inclination à la joie ou à la compassion.
Les deux grandes familles de méditation
Il convient de préciser le premier point soulevé par Shapiro (2006). En effet, celui-ci fait apparaitre deux grandes familles de méditation : la méditation de concentration et la méditation de pleine conscience. (Goleman, 1988). Cependant, il est à noter que ces pratiques se distribuent en des dizaines d’approches (Berghmans et al., 2010).
La méditation dite de concentration consiste à focaliser consciemment, progressivement, de façon soutenue et de manière intense et prolongée, son activité mentale sur un point précis. Elle fait référence à un processus attentionnel particulier : celui de l’attention focalisée et l’esprit du pratiquant va alors se centrer sur un objet spécifique comme le va et vient du souffle (Berghmans et al., 2010).
La méditation de pleine conscience se caractérise, quant à elle, par une attention généralisée c’est-à-dire une attention ouverte aux phénomènes qui se présentent successivement à l’esprit du pratiquant.
L’ensemble des pratiques méditatives peuvent se situer sur un continuum entre ces deux types de méditations (Shapiro et Walsh, 1984 ; Wallace, 1999 ; Andresen, 2000).
Il en résulte qu’une certaine confusion existe parfois concernant le programme de méditation MBSR, programme majoritairement utilisé en guise d’entrainement à la pleine conscience pour les patients et les professionnels de santé. Effectivement, ce programme, malgré son intitulé, intègre en réalité de nombreux exercices de méditation de concentration. Ce constat corrobore l’analyse de certains auteurs selon lequel la méditation de pleine conscience inclut implicitement ou explicitement, selon un degré plus ou moins élevé, une pratique de méditation de concentration et de ce fait, elle partagerait tout le temps un arrière-plan d’attention focalisée (Chambers et al., 2009 ; Lutz et al., 2008 ; Rapgay et Bystrisky, 2009).
Mathieu Crotti, Psychologue, Psychothérapeute, Méditation de Pleine Conscience, Aix-en-Provence