Étymologie et définition du terme méditation

Étymologie :

Les significations du terme méditation sont multiples et révèlent différents aspects du phénomène méditatif.

Ainsi, le terme « méditation » viendrait du latin « meditari », issu du terme « medeor », qui signifierait « soigner ». La pratique méditative ferait donc référence à l’action de prendre soin et de donner des soins (Bagnis, 2017). Certains lexicographes ont aussi souligné que le mot méditation pourrait provenir de « meditatio ». Au 12ème siècle, c’était un terme religieux évoquant la contemplation (Bagnis, 2017).

En Orient, on retrouve une étymologie indienne et une étymologie tibétaine. Dans la première acception, le terme viendrait du sanskrit « bhavana » qui signifie « cultiver ». Dans la seconde, il évoquerait la notion de « se familiariser », sous-entendu « se familiariser avec le fonctionnement de l’esprit » (Ricard, 2011).

Enfin, le terme « méditation » aurait une origine plus ancienne, il proviendrait de la racine indo-européenne « mederi » qui signifierait « mesurer ». Il référerait au sens platonicien selon lequel toute chose aurait sa juste mesure intérieure. La médecine désignerait alors le moyen par lequel cette mesure serait retrouvée. Et la méditation serait le processus en lien avec cette restauration (Kabat-Zinn, 2012).

 

Définitions contemporaines

Aujourd’hui les dictionnaires de la langue française définissent de deux façon la méditation. D’après le CNRTL, la méditation concernerait « l’action de penser avec une grande concentration d’esprit pour approfondir sa réflexion ». Ce terme désignerait par extension « une pensée réfléchie et concentrée sur un sujet particulier ». Un sens religieux est également retrouvé et la méditation constituerait « un exercice préparant à la contemplation ».

D’après ces définitions, on peut vite se trouver face à des contresens puisque la méditation n’est pas une démarche intellectuelle. Bien au contraire les démarches méditatives passent essentiellement par le corps et l’apaisement du mental. C’est ainsi que la définition de l’Encyclopédie de Psychologie et de Religion nous éclaire sur ce dernier point. Elle énonce que « la méditation est une pratique dans laquelle la pensée active est suspendue et l’activité mentale est focalisée et apaisée, au repos. »

Il convient désormais de mentionner les différentes définitions de la méditation que l’on peut retrouver dans la littérature scientifique contemporaine. Nous chercherons également à identifier les éléments caractéristiques de celles-ci.

 

La définition de Berghmans

Tout d’abord, rappelons un constat important. Il n’existe pas de consensus sur le sens du mot méditation. On trouve une multiplicité de définitions qui reflètent la complexité de l’objet étudié et la diversité des pratiques rencontrées. (Berghmans et al., 2008).
Ainsi, le terme de méditation possède un nombre important de significations distinctes, et voici une liste des acceptions les plus courantes. A) stratégie d’autorégulation avec une focalisation de l’attention. B) état de concentration dans lequel la conscience réfléchie se centre sur un seul objet. C) état de relaxation psychologiquement et médicalement bienfaisant. D) état dissocié dans lequel des phénomènes de transes peuvent se produire. E) état mystique dans lesquels le sujet vit les réalités ou les objets religieux les plus élevés. » (Berghmans et al., 2010, p.50)

 

La définition de Manocha

Dans la définition de Manocha (2000), l’élément caractéristique semble être le vécu expérientiel de silence mental en état d’éveil. C’est ainsi qu’il décrit la méditation comme une expérience discrète et définie d’état de conscience spécifique dans laquelle l’activité de l’esprit est minimisée sans réduction du niveau d’alerte et de compréhension.

 

La définition d’André

Il convient de préciser que l’on retrouve le critère attentionnel dans de nombreuses définitions. Pour la majorité des auteurs, il constitue un point central de la méditation. C’est ainsi qu’André (2014, p.534) définit la méditation comme une démarche dans laquelle on tourne son attention vers un certain nombre de variables, corporelles, sensorielles, mentales. Ce mouvement de l’esprit est volontaire et la méditation relève d’exercices délibérés, prolongés et répétés, représentant un véritable entrainement de l’esprit.

Selon cet auteur, il existe un certain nombre de points communs à toutes les pratiques que l’on pourrait qualifier de « méditatives », ce sont les suivants : « a) cesser d’agir, b) pour s’accorder un temps de retrait, de silence, de lenteur, de continuité, c) durant lequel on laisse se stabiliser son attention, d) sans réagir aux stimulations externes (bruits) ou internes (pensées, émotions), e) mais en les observant de manière attentive et détachée. »
On voit dans cette définition de la méditation la prédominance du critère attentionnel.

 

La définition de Cardoso

Cardoso et al. (2004, p.63) reprennent également le critère attentionnel et insistent aussi sur les effets bénéfiques produits, ces derniers caractérisent une pratique méditative si : « a) elle utilise une technique claire et définie, b) elle implique de la relaxation musculaire dans le processus, c) elle implique une relaxation mentale, d) elle induit un état d’esprit spécifique, e) elle utilise une focalisation de l’attention. »

D’autres auteurs rappellent la dimension centrale de la régulation attentionnelle dans la méditation. Néanmoins, ils ajoutent également comme critères caractéristiques la régulation émotionnelle et les objectifs émotionnels de cette pratique.

 

La définition de Shapiro et Lutz

C’est ainsi que Shapiro (2006) énonce que la méditation se réfère à une famille de pratique de l’autorégulation qui se focalise sur l’attention et la conscience afin d’amener les processus mentaux sous un contrôle volontaire plus grand et de ce fait entraine un bien-être mental et physique qui a pour objectifs de développer des états émotionnels spécifiques comme la joie, le calme. De manière similaire, Lutz et al. (2008) proposent de définir la méditation comme une famille complexe de méthodes d’entrainements de régulation attentionnelle et émotionnelle destinées à des fins variées, incluant la culture du bien-être et de l’équilibre émotionnel.

 

La recherche d’un consensus

Berghmans et al. (2008) concluent sur la multiplicité des définitions du terme « méditation » en constatant que malgré ce manque d’unité, la plupart des chercheurs sont en accord pour dire que la méditation sous-tend une forme de formation mentale qui implique un apaisement de l’esprit et dont le but est de développer un état mental d’observation détaché dans lequel les participants sont conscients de leur environnement sans être impliqués dans la mesure du possible dans le processus de pensée ou de formation des pensées. Ils poursuivent en énonçant que tous les types de méditation semblent se baser sur le concept d’observation immédiate des activités psychiques (pensées, émotions, sentiments), de formation à un niveau de conscience ou d’attention vigilante et de cultivation d’un niveau d’acceptation des contenus mentaux.

Ainsi, le critère de la qualité d’attention durant la pratique apparait comme le dénominateur commun unifiant la majorité des définitions du terme « méditation ».

 

Mathieu Crotti, Psychologue, Psychothérapeute, Méditation de Pleine Conscience, Aix-en-Provence