Mathieu Crotti, psychothérapeute à Aix-en-Provence vous explique l'ACT ou thérapie d’acceptation et d’engagement.
ACT ou thérapie d’acceptation et d’engagement
La thérapie d’acceptation et d’engagement ou ACT (acceptance and commitment therapy) est une thérapie issue de la 3ème vague des thérapies cognitivo-comportementales. Son fondateur est Steven C. Hayes et elle est basée sur la Théorie des Cadres Relationnels.
On prononce ACT en un seul mot pour sa filiation avec le terme « agir », nous nous situons donc bien ici dans une thérapie comportementale. Certaines des questions fondamentales que pose l’ACT sont les suivantes : quel sens voulez-vous donner à votre vie ? Quelles sont les choses qui comptent vraiment pour vous ? Quelle personne souhaitez vous être ? Quelles qualités humaines souhaitez vous incarner ? Qu’est-ce qui résonne dans votre coeur, dans votre esprit, au plus profond de vous ?
Il s’agit ici d’utiliser les valeurs chères à nos yeux pour motiver et inspirer des changements comportementaux et pour cheminer vers la personne que l'on veut être, vers ce qui nous semble beau, juste et bon. On parle ici d’action en pleine conscience, des actions dans lesquelles on s’engage intentionnellement, avec une attention pleine et ouverte. L’ACT tire son nom de l’un de ses messages fondamentaux : accepter ce qui est hors de notre contrôle, diriger sa vie selon ses valeurs et s’engager à entreprendre des actions qui embelissent notre existence. L'ACT, dans son essence, s'approche beaucoup de la prière de la sérénité : "Donnez moi la sérénité d'accepter les choses que je ne puis changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse d'en connaitre la différence".
L'ACT part du constat que dans la vie, on rencontre inévitablement la douleur. Généralement quand c'est le cas, on met en place des actions de luttes, d'évitement expérientiel pour ne pas avoir à ressentir certaines émotions ou certaines sensations corporelles. C'est le cas notamment dans les addictions où la personne va être soulagée par la prise de substances psycho-actives sur le court terme. Cependant, sur le moyen et long terme, cela ne fait qu'amplifier le problème et génère des cercles vicieux. On peut également prendre le cas des troubles obsessionnels compulsifs où la personne se sent soulagée lorsqu'elle réalise la compulsion. Cependant, le soulagement est de courte durée et augmente la probabilité de se tourner à nouveau vers ce comportement dans le futur. Cette stratégie ne fonctionne pas sur le long court. L'ACT propose de faire une place à la souffrance pour qu'elle ne prenne pas toute la place. Et souvent lorsqu'une souffrance est profondément, véritablement accueillie, elle se dissipe d'elle-même.
Russ Harris résume cela ainsi : « Le but de l’ACT est de nous aider à créer une vie riche, pleine et qui ait du sens, tout en acceptant la douleur qu’elle nous apporte inévitablement. »
D’après Benjamin Schoendorff et al. (2011), l’ACT suggère que lutter contre sa propre souffrance a souvent comme effet paradoxal d’en augmenter l’intensité et l’importance. Ce combat nous empêche également de mener les actions qui conduiraient à une vie riche de sens. L’ACT promeut l’acceptation des pensées et ressentis difficiles, le contact avec ses valeurs de vie et les actions engagées au service de ces valeurs.
Les processus de l’ACT
L’ACT est actuellement considérée comme la convergence de six processus fondamentaux que sont : l’acceptation, la défusion, le Soi-comme-contexte, le contact avec le moment présent, les valeurs personnelles et les actions engagées. Les quatre premiers sont reliés au processus de pleine conscience et ils engendrent, selon les auteurs du modèle, de la flexibilité psychologique.
Il convient maintenant de définir ces différents processus.
Le processus d’acceptation implique de prendre une posture volontairement ouverte, réceptive, dénuée de jugement, à l’égard des divers aspects de l’expérience. Dans l’ACT, on parle généralement d’acceptation en termes d’acceptation expérientielle et de son opposé, l’évitement expérientiel (Wilson, 2015).
La défusion, quant à elle, signifie la prise de contact avec des productions verbales comme elles sont et non comme elles disent qu’elles sont. Par extension, l’opposé de la défusion, la fusion, signifie prendre contact avec les productions verbales de façon littérales, en les investissant d’une autorité et de conséquences (Wilson, 2015).
La question du Soi en ACT concerne souvent ce qu’on pourrait appeler la fusion au « Soi-comme-contenu ». Le Soi-comme-contenu implique une forte identification de soi aux contenus importants de la conscience comme l’humeur, la pensée, le rôle social ou l’état physique. Le Soi-comme-contexte, en revanche, se réfère au « je » qui a expérimenté toutes les pensées, les émotions, les rôles et états corporels dont « vous » avez fait l’expérience. Ce Soi est parfois appelé le « Soi observateur » ou le « Soi transcendant » (Wilson, 2015).
Le contact avec le moment présent implique la capacité d’un individu à mobiliser son attention d’une façon flexible, choisie et centrée dans l’instant (Wilson, 2015).
Ces six processus, synonymes de flexibilité psychologique, permettent de naviguer dans les eaux calmes et les eaux troubles de nos existences en restant ancrés dans nos valeurs et en engageant des actions chères à nos yeux.